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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 00:57

Oxmo Puccino - Auteur Compositeur Chanteur Poète - 

 

Chanson pour l'unicef et les droits de l'enfant

 

"Naitre adulte"

 

http://www.youtube.com/watch?v=ytyZksYY4yE

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 02:19

Elle est là, en face de moi.

 

y'a mes oreilles qui entendent le pire, y'a mes yeux au bord des larmes.

J'essaie de contenir, je mène un entretien.

Enfin, nous sommes deux,

heureusement,

c'est soutenant

c'est rassurant

je sais que ma collègue est touchée tout autant que moi.

 

Parfois je me demande quel travail je fais.

Nous n'avons pas de prime pour toute la violence qu'on se reçoit,

en pleine face, en plein dans le coeur,

on reçoit,

ces histoires de vies parfois,

pleines de fracas

pleine de malheurs,

et ça nous serre, tout à l'intérieur

du coeur.

 

ça fait des mois que Madame et moi

on se côtoie,

 

après ma collègue est arrivée

parce que c'était très compliqué

 

j'ai demandé une co-intervention,

parce qu'on est un de ses seul soutien,  

et la soutenir toute seule,

bein franchement, j'en perdais mon latin.

 

D'autant plus que Madame et moi,

ça résonne sévère,

elle me fait penser à moi.

Mais ça, même en équipe,

je ne me suis pas trop permise d'en parler,

chez nous, chez les travailleurs sociaux,

on n'a pas trop bien le droit de parler d'ça.  

 

Grossière erreur,

on ne travaille qu'à l'intérieur de relations humaines,

entre les personnes que l'on rencontre et soi,

on ne travaille qu'avec sa personnalité

marqué de notre vécu

on ne travaille qu'avec ce que l'on est

avec nos forces et nos fragilités.

 

Madame Katmandou, je l'ai capté,

et ce, peut etre bien dès la première fois,

Madame Katmandou,

oui,

c'est un peu moi,

fragile et forte à la fois,

jamais à vouloir se laisser manquer de respect,

Madame Katmandou à la rage,

la rage de vivre, la rage de survivre,

et ça,

ça m'a interloqué le coeur,

mon double ou presque,

était en face de moi.

 

Presque, parce que,

Madame Katmandou et moi,

le même vécu,

on l'a pas.

 

Mais on revendique, avec nos trippes,

Inscrit dans nos personnalités,

on n'aime pas le manque de respect 

 

Je suis malheureuse d'entendre,

ce jour là,

ce qu'elle me raconte là,

ça me touche vraiment,

je l'aime bien Madame Katmandou,

je suis révoltée qu'elle est vécu tout cela.

 

Et si j'écris ce petit texte, c'est aussi pour lui rendre hommage,

pour sa force et son courage,

d'élever aujourd'hui deux enfants

à vingt deux ans

seule

comme ça.

 

Bref, je me sens un peu responsable,

de ce qui se passe là,

ai-je été trop loin..

 

Mme Katamandou

au départ, ne parlait pas.

Enfin,

elle parlait beaucoup Mme Katmandou,

Mais peu de ses émotions,

peu de ce qui l'animait vraiment tout au fond,

C'était comme kéblo profond

à l'intérieur de son coeur.

 

Alors, comme Mme Katmandou

était prise 

au coeur de relations

empruntes de violence,

Comme Mme Katmandou,

réagissait à la violence

par de la violence,

et que ses deux enfants,

qu'elle aime profondément,

étaient témoins de toute cette violence là,

je l'ai brassé, dans tous les sens,

à la questionner sur sa violence.

 

ça a parfois était animé entre Mme Katmandou et moi,

Parce que je n'avais pas vraiment d'autre choix 

que de résister à sa résistance,

même si je savais que ça lui faisait parfois violence.

 

C'est que je l'aimais bien Mme Katamandou,

et c'est toujours avec cette bienveillance là

que résistant à sa résistance

je me voyais parfois lui faire souffrance

à la brasser comme ça dans tous les sens.

 

Et si mon intervention était de l'aider

à préserver ses enfants,

j'intervenais aussi

parce que

pour elle

j'avais un grand souci.

 

Le souci de l'aider à se construire

de toutes ses relations dans sa vie

où la violence d'autrui

la violence de la vie

l'avait elle même violentée.

 

Mme Katmandou n'avait connu que la violence,

Mais Mme Katmandou disait qu'elle n'avait pas besoin de parler de ça,

Mme Katmandou était sujette à la violence,

Mais ça n'était pas en lien,

pour elle,

avec toutes ses souffrances là.

 

Et puis ses enfants, eh bien, ils savaient comment elle était.

 

Moi je demandais toujours à Mme Katmandou,

si elle voulait que ses enfants

plus tard,

répondent aux stimulis de l'existence,

par de la violence.

 

Un peu embêtée,

elle me disait,

mes enfants ne se laisseront

pas faire.

 

En même temps,

peut être bien que c'était plutôt compliqué

tout ce que lui racontais.

 

Mme Katmandou,

elle n'avait connu que la violence,

le père de ses enfants,

son père,

l'abandon précoce de sa maman,

la séparation d'avec ses grands parents,

Mme Katamandou,

je ne sais même pas,

si elle se doutait que la vie

pouvait se mener sans violence.

Peut être bien que si,

mais c'était très loin,

jusqu'a ses onze ans,

avant de s'envoler chez son Papa,

ses grands parents l'avait élevé avec bienveillance.

C'est après,

qu'elle avait connu la violence.

 

Alors je lui disais,

Mme Katmandou,

si vous voulez sortir de cette violence,

il va falloir parler de cette violence,

de toute façon,

pour les enfants vous ne pouvez pas avoir d'autre choix.

 

Elle n'était pas contente Mme Katmandou,

mais elle venait toujours aux rendez-vous.

Et desfois, on s'entendait vraiment bien.

je la brassais

mais toujours

aussi

je la valorisais

sur toutes ses capacités

que je percevais

qu'elle avait.

 

Et puis parfois aussi,

on partageait

des moments rares,

un jour alors que ja recevais

au service

à l'accueil:

 

"Regardez Mme...., Sambala Marche..."

 

Sambala marchait devant moi.

 

Je crois que c'était la permière fois

que j'étais émue autant que ça

de voir un enfant faire ses premiers pas..

 

"Bravo Sambala...

vous devez être fière Mme Katmandou!"

 

"oui!"

 

Des moments,

comme ceux là,

dans mon métier,

ça n'à pas de prix,

ça remplit le coeur.

 

Et puis notre relation s'était posée,

depuis quelque temps.

 

Même si dans mon métier

faut être patient.

 

On était en plein travail sur son histoire de vie.

Un jour Mme Katmandou avait confié

que c'est vrai,

elle avait des souffrances dans le coeur.

 

Comme ça c'était sorti.

 

Et puis elle avait commencé à faire le lien.

 

Dans son présent,

aujourd'hui,

elle retrouvait son passé

et ça lui plaisait plus bien

elle voulait changer ça.

 

Et puis un jour,

 

Ce jour là,

 

Mme Katmandou nous à raconté

parce que ça lui faisait du bien,

son changement de vie lorsqu'elle est arrivée en France,

ce changement où elle avait découvert la violence.

 

Elle etait là, face à moi. j'ai débuté ce texte comme ça.

 

y'avait mes oreilles qui entendaient le pire, y'avait mes yeux au bord des larmes.

J'essayais de contenir, je menais un entretien.

 

Mais j'en croyais pas mes oeilles et j'étais presqu'en trop plein,

en trop plein de révolte, d'une injustice de vie comme celle là.

 

Mais je trouvais ça bien qu'elle en parle

parce qu'elle nous disait que ça la libérait.

 

Mme Katmandou après un an,

à nous découvrir les unes et les autres, ma collègue, elle, moi

à partager des discussions, à échanger des réflexions,

des moments avec les enfants,

a su trouver la force

d'affronter ses émotions.

 

Mme Katmandou est forte,

car elle ne baisse jamais les bras.

 

Mme Katmandou a évolué

je la trouve transformée,

plus confiante en elle, plus sereine, plus posée,

 

Alors, avant mon départ

Mme Katmandou m'a confié

que si elle avait tant de violence avant,

c'est qu'elle n'avait jamais appris à parler.  

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 23:24

"Créer c'est Résister, Résister c'est Créer"

 

Vidéo

 

http://www.youtube.com/watch?v=vrA9zvqXW-I

 

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 19:18

Ou comment on en arrive à la diabolisation d'une religion, l'Islam, et à la stigmatisation de toute une communauté...  

Attention aux médias...  

    

Documentaire en 7 parties.  

A voir, afin peut être de déconstruire quelques représentations autour du voile.  

 

partie 1

http://www.youtube.com/watch?v=JQYIr7NHIFI

 

partie 2

http://www.youtube.com/watch?v=toTKkWaTsew&feature=related

 

partie 3

http://www.youtube.com/watch?v=HsVvJXXCsdY&feature=related

 

partie 4

http://www.youtube.com/watch?v=VuFtna2o4K0&feature=related

 

partie 5

http://www.youtube.com/watch?v=XjhhU8Sxz5M

 

partie 6

http://www.youtube.com/watch?v=_FdunUNXa40&feature=related

 

partie 7

http://www.youtube.com/watch?v=6kHo4hUazdQ&feature=related

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 20:07

La théorie de l’inconscient dont est à l’origine FREUD, exprime que nous ne sommes que très partiellement maître de nous-mêmes. Il y a des situations et des émotions de notre passé, que nous n’avons pu émotionnellement supporter. Il y a également des situations et des émotions de notre présent que nous ne pouvons supporter. Et quand nos émotions relèvent de l’insupportable, il y a comme un abri en nous, spécialement réservé à l’insupportable que nous ne pouvons tolérer, qui accueille toutes ces émotions qu’on ne veut surtout pas voir.

 

Cela peut-être par exemple pour une mère d’être attiré par le conjoint de sa fille (ce qui relève de l’intolérable) ou pour une personne hétérosexuelle, d’être soudainement attirée par une personne de même sexe qu’elle, et ne pas le supporter. Tout ce que chacun ne veut pas voir de soi, il le met à l’abri, il le cache en lui. Mettre nos émotions, sentiments, ressentis dans cet abri, cela s’appelle les refouler. Et l’habilité du refoulement, qui met tout ce qu’il y a de dérangeant à l’abri, c’est qu’il les met à l’abri bien avant qu’il ne passe par notre conscience.

 

On ignore bien souvent ce qui se cache en nous.

 

La dynamique du refoulement fournit l’illusion que nous sommes maîtres de nous-mêmes. Or, ce que FREUD nous apprend avec sa théorie de l’inconscient, c’est que tout ce qui est inconscient, ne nous laisse jamais vraiment tranquille et nous domine bien plus qu’on ne le croit. Notre inconscient se révèle dans nos lapsus (dire un mot à la place d’un autre), dans nos actes manqués (oublier par exemple de se lever alors qu’on avait un rendez-vous très important. Pour FREUD, il n’y a pas de coïncidence ou de hasard, quelqu’un qui ne se lève pas le jour d’un rendez-vous très important pour lui, n’avait pas réellement envie d’aller à ce rendez-vous.  Ce qu’il y a dans notre inconscient et comme quelqu’un qui nous dérangerait (Si nous étions un professeur qui donnait un cours par exemple) et qu’on mettrait à la porte. Mécontent, il frapperait alors à cette porte ; on ferait la sourde oreille, nous disant qu’on est plus fort que ça, qu’on peut continuer à donner le cours quand-même, mais celui qu’on avait mis dehors frapperait et frapperait de plus belle, jusqu'à nous empêcher de pouvoir donner le cours, qu’on pensait pourtant pouvoir donner. Ainsi en est-il de notre inconscient (symbolisé dans l’exemple par la personne qui frappe à la porte) qui nous domine bien plus que nous le croyons.

 

 

 

 

 

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 18:15

« De l’autorité, nul n’est maître : elle résulte d’une reconnaissance qu’autrui nous adresse. Elle ne saurait relever du seul statut, comme c’est le cas du pouvoir »

   

   

Charlotte Herfray, Les figures d'autorité

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 18:47

Un homme ayant violenté femme et enfants et ayant fait un travail sur lui témoigne.

Vidéo.

Témoignage instructif, authentique, sincère.

   

 Respect.

 

http://www.ladominationmasculine.net/themes/51-homme-violent-repenti-cycle-violence-conjugale.html

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 17:30

 Manifeste pour le travail social

Monsieur le Président de la République Française,

 

 

Nous, travailleurs sociaux, vous interpellons en tant que nouvel élu à la Présidence de la République française.

Notre travail a pour objet le remaillage des déchirures opérées dans le lien social, du fait de la maladie, du handicap, des injustices, des inégalités, ou des accidents de la vie. Il vise à ce que des citoyens nécessitant soins, accompagnement et soutien, momentané ou tout au long de leur vie, puissent trouver leur place parmi les autres, en développant leurs capacités sociales, physiques et psychiques.

Il est de notre devoir d’attirer votre attention sur les conditions actuelles de notre exercice professionnel :

L'hégémonie du néo-libéralisme touche aujourd'hui l'ensemble de la société, faisant peser sur une bonne partie de la population des inégalités criantes face à la justice, l’éducation, le logement, l’emploi, l’accès aux soins... Nous ne pouvons malheureusement que constater avec inquiétude la paupérisation croissante d’une partie de nos concitoyens et leur exclusion de fait de la socialité.

De plus, le travail social longtemps tenu à l’abri de la marchandisation se trouve aujourd’hui infiltré par la logique du marché, du résultat, du chiffre, de l'évaluation quantitative, inefficace et chronophage au demeurant, de la normalisation, de la rationalisation de l'humain, pourtant par essence irrationnel, ce qui va à l’encontre des valeurs humanistes de l’aide sociale, que sont la solidarité et la dignité humaine. Le travail social est désormais livré aux lois du marché, alors même que sa raison d'être est d'en corriger les effets dévastateurs.

Le fossé se creuse entre la commande politique, actée par les mesures prises par les différents gouvernements ces dernières années, en dehors de toute concertation avec les professionnels du travail social, et les valeurs, convictions, et principes qui portent et animent ces derniers.

Nous déplorons en outre la fragilisation continuelle de nos conditions statutaires et l'abaissement du coût du travail par la dépréciation des niveaux de qualifications qui organise structurellement la déprofessionnalisation du secteur social et médico-social, qui non seulement placent nombre de professionnels en situation précaire, mais nuisent également gravement à l'exigence de qualité dans l'accompagnement des personnes en souffrance que la profession souhaite défendre. La reconnaissance portée aux travailleurs sociaux traduit celle qui est accordée aux personnes, toujours plus marginalisées,  auprès de qui ils exercent leur métier.

Le travail social dans son ensemble est en voie de déclassement, qui est l'exact reflet du déclassement d'une partie grandissante de la population.

En conséquence nous vous demandons d'énoncer très explicitement vos intentions quant aux moyens que vous entendez mettre en œuvre pour permettre la prise en charge des personnes en souffrance, et de convoquer le plus tôt possible, les États Généraux du travail social, dans le but de mettre au jour les difficultés innombrables que nous rencontrons dans l’exercice de nos métiers et d’organiser un dialogue constructif avec nos représentants. Œuvrons ensemble pour plus de justice, d’équité et de solidarité

 

 

Le comité de soutien au Manifeste des travailleurs sociaux    

manifeste.wsoc@gmail.com


POUR SIGNER LE MANIFESTE 

http://www.petition24.net/manifeste_travail_social

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 22:30

Il ne faisait pas trop froid.

J'ai sonné, il m'attendait.

"Mme ........" s'est-il exclamé.

Il m'a presque sauté au coup,

presque suréxité à l'idée de la sortie éducative.

 

Pas grand chose ou presque rien.

Une petite promenade sur le trajet le long de l'eau,

à contempler les bateaux passer,

en se rendant à ce café pour enfants.

 

Un sirop à l'eau, une crêpe,

un babyfoot,

un puissance 4 géant,

un atelier d'éveil musical,

d'autres enfants pour jouer,

tout ça en même temps.

 

Le temps qui passe vite,

"on part déjà... oh non!"

"Bein oui mais Maman t'attends,

je lui ai dit que je te raménerai maintenant,

on en avait parlé qu'on ne pouvait pas rester longtemps"

 

Plus que dix minutes à passer ensemble,

le temps du trajet,

le long de l'eau,

puis, le long de l'avenue,

les voitures et les passants,

 

Presque pas loin de la fin,

"Billy, tu sais pourquoi je suis là?"

"OUI, POUR T'OCCUPER DE MOI"

l'air affirmé, l'air assuré, presque, il l'avait crié,

 

"Oui, aussi parcequ'entre Papa et Maman,

c'est compliqué."

 

"Oui".

 

"Comment ça va depuis cet été?

comment ça va depuis que vous êtes rentré de l'hôtel toi et Maman?"

 

la violence conjugale, ça fait vraiment froid dans le dos.

ça fait des bleus aussi à l'âme du travailleur social d'entendre le récit d'une femme, d'une maman, de la violence de son conjoint à son égard. Un être, son homme, qu'elle aime; qu'on le veuille ou non, que ça nous plaise ou pas, que ça nous choque ou non.

Parfois le récit de la violence qu'elle reçoit, ça donnerait presque envie de vomir. Le dénigrement, la dévalorisation, l'humiliation, les coups et j'en passe. 

 

D'autant plus qu'on n'est loin de tout savoir. En AEMO, quand des personnes se confient, on ne sait parfois que le quart de ce qu'il se passe vraiment.

 

J'ai mal pour cette femme, j'ai mal de sa souffrance, j'ai mal de tout ce qu'elle endure, j'ai mal de la voir prisonnière de son couple et de son amour, démesuré, intestable, pour son homme.

Qu'elle soit sous emprise ou non (mais le mécanisme de la violence met innévitablement sous emprise. Cependant, Je ne détaillerai pas ce mécanisme propre à la violence conjugale ici). En revanche, je me permettrai de dire que la violence d'un être que l'on aime amène dans l'esprit de celui qui la reçoit, stupeur, sidération,  souffrance, brouillant les capacités de discernement, altérant les capacités de défenses. Quand dans un couple, le mode relationnel alterne entre bienveillance et maltraitance, il devient très difficile de s'y retrouver et de savoir comment agir de façon adéquate).

 

Et puis,  son homme, elle l'aime ,et une chose est sure, c'est qu'on ne peut contrôler les sentiments de personne.   

       

Et quand en plus, cette maman nous confie la violence de son homme sur deux de ses plus grands enfants de douze ans, issus d'une précédente union, c'est encore pire. Des enfants déjà protégés en foyer éducatif mais qui rentrent les week-ends, les vacances scolaires.

 

Je me sens pas bien, j'ai mal au ventre.

 

De la violence, je n'en avais jamais entendue à ce point. Monsieur pose des actes ultra violents. Les enfants, ce qu'ils reçoivent, c'est des coups de pieds, des coups de poings, c'est du tabassage, jusqu'au saignement de nez. Et pour Madame, je n'ose imaginer.

 

 "ça va Billy?"

 "comment tu te sens quand Papa et Maman se fâchent?"

 

"j'ai peur"

 

"et quand tu as peur, tu fais quoi?"

 

"Souvent, je pleurs"

 

"et qui te console?"

 

"Personne"

 

"je sais que parfois, papa et maman se battent"

 

Et là, rien, du silence, un regard d'enfant vers ses pieds.

 

Nous rentrons. Je le ramènes à sa maman.

 

J'ai eu un apperçu de la violence de Monsieur.

Au service, alors que j'interpellais le couple sur comment protéger les petits lorsqu'un conflit éclate, Monsieur n'a pas voulu abordé le sujet qui fâche, il a explosé, remettant toute la faute sur Madame, il a tapé dans les murs, s'est montré menaçant. J'ai eu très peur, il m'a térrorisé. Je n'ose imaginé la terreur qu'il fait régner au domicile. Je n'ose imaginer la terreur de très jeunes enfants face à des actes de violence, face à des hurlements.

D'autant plus que Monsieur prend parfois a parti Billy, afin qu'il se range de son côté, quant il dénigre sa mère. Billy, âgé de cinq ans et demi, jette parfois des objets sur sa mère. il lui tape parfois sur le ventre pour se faire entendre d'elle, aujourd'hui, même lorsqu'on son père n'est pas là. 

J'ai vu un jour Monsieur prendre à parti Billy devant moi à l'encontre de sa mère. J'ai vu le malaise de cet enfant dans son regard, qui tentait d'accrocher desespérément le mien. Je n'ai pas réussi à arrêter Monsieur, je n'ai pas réussi à l'arrêter dans son flot inninterrompu de paroles dénigrantes vis à vis de sa femme. J'ai du écourter la visite. j'étais choqué. Mais ce qui m'a le plus choqué, c'était Colin, le petit dernier d'un an et demi. Colin pleurait, térrorisé, je pense, lui aussi. Ni son père, ni sa mère, à cet instant, ne se préoccupait de lui. 

 

Dans la violence conjugale, certaines femmes tentent de se défendre, d'autres ont tellement peur qu'elles n'osent même plus, mais certaines tentent, resistent, tentant de se justifier, de raisonner leur conjoint. Mais on ne raisonne pas la violence quand elle explose, aucune conjointe, aussi affirmée soit elle, ne peut avoir de prise sur la violence de son conjoint. Quoiqu'elle fasse, le résultat est le même, quand violence d'un conjoint dans le couple il y a, violence sur la conjointe s'exercera. La loi du plus fort est implacable.

 

Après les menaces de Monsieur à mon encontre, madame m'a confié les violences qu'elle subissait ainsi que certains des enfants. Le conflit de couple, enfin, ce que l'on croyait un conflit de couple, s'inscrivait en fait dans un contexte plus large de violence conjugale et familiale.

 

Le conflit de couple est à distinguer de la violence conjugale. Un conflit, lorsqu'il éclate, c'est deux points de vues qui se confrontent, chacun peut s'exprimer librement. ça peut crier, mais chacun a sa place et est respecter dans son altérité, dans son droit d'avoir un avis différent.

Dans la violence conjugale, il existe une assymétrie relationnelle. Celui qui use de violence ne permet pas le dialogue, il le refuse et peut exploser si on le contredit. Il  nie le point de vue de sa partenaire, celui-ci est écrasé et dévalorisé, son point de vue, c'est de la "merde" et il lui est vivement conseiller de se taire. Ces situations sont dramatiques car pour la personne qui n'est pas reconnue dans sa pensée différente, c'est sa qualité de sujet, de personne à part entière qui est niée, ce qui engendre une grande souffrance. Comment ne pas souffrir lorsque la personne avec qui on partage sa vie n'accorde pas de valeur à ce que l'on pense, et pire, s'en sert pour vous montrer que vous êtes sans valeur? 

De plus, le sujet qui use de violence, par un mécanisme de transfert, transpose la responsabilité de sa violence sur l'autre. Son moi, fragile, ne peut assumer la cruauté de ses actes, comment le pourrait-il? S'il l'assumait, s'il s'en pensait responsable, il n'agirait probablement pas ainsi. Alors, par un mécanisme de défense, il rejette la faute sur l'autre et lui reproche d'avoir provoqué cette explosion de violence. Ses comportements ne sont donc pas de sa responsabilité, l'autre l'a cherché et donc mérité, l'autre est responsable du climat de tension, l'autre est responsable de l'apparition de la violence. S'il se comportait différement, la violence ne surgirait pas. Probablement qu'une personne qui use de violence n'a pas appris le contrôle de soi, ne sait même pas qu'il lui est possible de réagir différement, de contrôler ses émotions afin qu'elle n'explose pas à la face des autres. Une personne qui use de violence ne sait pas que le pouvoir de contrôler ses émotions et peut être le plus grand pouvoir que l'on peut posséder.

 

 un homme (ou une femme par ailleurs, la violence conjugale peut être inversée, une femme peut maltraiter son homme), un homme ou une femme qui use de violence est avant tout, je le pense, un être en souffrance. On pourrait dire que les personnes visées par la violence sont un peu le receptacle de cette souffrance. Il me semble important de comprendre cela, de l'avoir en tête afin de mieux comprendre que le mécanisme de la violence est un mécanisme ou la gestion des émotions est absente. Envisager une personne qui use de violence seulement comme une personne cruelle volontairement est à mon sens une erreur. Réduire une personne à ses actes ce n'est pas voir que dérrière toute violence, même la plus extrêmme, se cache des blessures enfouies, des souffrances qui n'ont jamais étés soignées. Celui qui juge se trompe, nul n'est méchant volontairement. Dérrière toute méchanceté, tout acte nuisible à autrui, "se cache l'amertume de personnes qui n'ont pas pris soin de leur souffrance". Les blessures du passé refoulées amènent l'inconscient à se venger sur autrui et même sur des êtres que l'on aime. En tant que travailleur social, ne tombant pas dans le piège du jugement même si certains actes nous révoltent. Chaque être humain doit être pris en compte dans son humanité. Même si c'est parfois difficile, que ceux dont l'envie de commenter ce texte par du jugement s'abstiennent.

 

Toute violence est à condamner, des limites sont à poser. Lorsque l'on ne pose pas de limites, la violence risque de croitre dans la surrenchère. Il ne faudrait jamais laisser passer un acte de violence, qu'il soit physique ou verbal. Mais lorsque l'affect est présent, ce n'est pas toujours aussi simple. Car oui la violence sidère et peut anihiler les capacités à se protéger. La violence fragilise, traumatise. Et lorsqu'on a peur de perdre l'autre (car un homme qui use de violence n'est pas que cela, un homme qui use de violence sait aussi, à d'autres moments, être aimant. Si une femme qui subit de la violence dans son couple  aime son homme, c'est bien parce qu'a certains moments, certains moments où la violence est absente, leur homme sait aussi prendre soin d'elle. C'est ainsi qu'on se fait prendre au piège. Ce serait insulter ces femmes que de les penser masochistes, non, leur homme est parfois aimant et c'est toujours ce qui les fait rester), alors, lorsque l'on a peur de perdre l'autre, on peut parfois être naive, en pensant que par plus d'amour et de bienveillance, en faisant plus attention à nos réactions, en se conformant un peu plus à l'autre afin de ne pas déclencher sa violence,  il changera, mais c'est une erreur. L'amour malheureusement, ne sauve pas de tout, il peut même se montrer contre productif lorsque par amour, une personne accepte tout et notamment d'être violentée, par des mots assassins, par des gestes, par tout ce qui vient entâcher dignité et intégrité. Personne ne peut assumer seul et par sa seule bienveillance les souffrances d'autrui. Les souffrances, les blessures, lorsqu'elles sont profondent, se travaillent avec l'aide d'un professionnel. La violence ne se soigne pas d'elle même. C'est un long travail mais qui méritte d'être entrepris. Il est louable et noble d'essayer d'aider quelqu'un mais il est vital de se rendre compte que seul, on ne peut y réussir. La personne doit avoir le désir de se changer. On ne peut aider personne s'il n'a pas envie d'évoluer. Il faut dans ces cas précis penser à soi et à sa protection.  L'entourage peut avoir son rôle à jouer, briser la loi du silence est important. L'entourage doit se sentir concerné car toute violence faite à autrui concerne chacun d'entre nous.

 

Il faut savoir que la plupart du temps, une compagne aux prises avec de la violence conjugale, peut être très inquiète pour son homme. Elle peut capter sa souffrance quitte à en oublier la sienne. Mais elle ne doit pas faire l'erreur de ne pas le percevoir comme un être non responsable de ses actes. Un être qui use de violence est responsable de la violence qui sort de lui. Sa violence est d'ailleurs répréhensible par la loi. Personne n'a le droit de violenter quiquonque et il est important de rappeller à toute personne qui use de violence qu'il peut être comdamer pour cela.

 

L'énorme problème dans la violence conjugale, c'est que le conjoint, transférant toujours la responsabilité de sa violence sur sa  femme, l'amène à culpabiliser. Il connait les failles de sa conjointe et appuie la ou ça fait mal. La conjointe, qui se remet en question, se demande alors si elle n'est pas fautive , si ce n'est pas de sa faute et assume bien souvent alors une responsabilité qui n'est pas la sienne. Elle se sent alors plus une "merde", elle peut même parfois s'excuser.  

L'homme ou la femme usant de violence, dans le déni, pensant réelement que c'est de la responsabilité de l'autre se sent victime plus que tyran. Il ne perçoit pas la souffrance qu'il inflige et la soufffrance de l'être violenté augmente.

 

Madame, sa fille violentée, ne reconnaissent pas leur statut de victime. Sa fille explique que lorsque Monsieur la frappe, elle n'a jamais rien fait. ça me brasse encore rien que d'écrire ses lignes.

Madame me dit avoir vécu bien pire. Elle a connu la violence dans son enfance, la violence de ses deux anciens conjoints.

Avant, j'étais une femme battue m'a t-elle dit. Ce que je vis avec Monsieur n'a rien à voir comparé à ce que mon précédent conjoint m'a fait subir. L'emprise de Monsieur sur madame et sur sa fille est extrêmment importante. Sa façon de pensée imprime la psychée de cette femme et de cette jeune fille. Madame ne souhaite pas se séparer de Monsieur, refuse de se rendre dans un centre pour femmes victimes de violences. Le quitter se serait le trahir. Madame ne semble être pour l'instant en capacité de vivre sans lui. Madame ne peut compter sur sa famille, celle-ci l'ayant elle-même maltraitée. Quitter Monsieur c'est se retrouver seule et assumer l'éducation d'enfants avec lesquels elle est en difficulté pour asseoir son autorité, avec des enfants qui ne la respecte pas. Au moins quand Monsieur est là, ils écoutent me dira t-elle, me parlant des plus grands. Nous sommes d'accord, la terreur, la peur, effectivement, amène à moins broncher...

 

L'isolement social, affectif est la pire des choses. Etre entouré, avoir des personnes sur lesquelles on peut compter, permet d'avoir de la ressource et d'envisager pouvoir se battre pour s'en sortir. Lorsque l'on a personne, on s'accroche parfois à ceux qui nous accorde une place, quelle qu'elle soit, même si cette place est la pire qui soit, parfois c'est la seule qu'on a connu. Elle peut procurer un sentiment d'existence, bien moins angoissant que le vide qui amène à se sentir personne. Je me rappelle, une phrase, lors d'une formation au service:

"Entre l'enfer et le désert, parfois, certains choisiront l'enfer"

 

Je me refuse de juger cette femme tant son parcours de vie l'a souillé. Je n'ai pas vécu son parcours de vie et je ne sais pas quelle serait ma vie si je l'avais vécu. 

Mais en charge d'une mission de protection de l'enfance, j'ai aussi mal au ventre de voir à quel point sa fragilité l'expose à être dépossédée d'une posture parentale protectrice face à ses enfants. Madame ne se rend pas compte la souffrance des enfants et s'en rendre compte se serait devoir quitter Monsieur. Monsieur n'a aucune conscience non plus que les enfants peuvent souffrir, pas même quant ils frappent les plus grands. De toute façon, ils font des bêtises, c'est de leur faute. S'ils ne faisaient pas de bêtises, il ne les frapperait pas. Ils volent de l'argent à la maison, ils ne rentrent pas aux heures fixées.  Quand j'essaie de me mettre ne serait-ce que cinq secondes à la place de chacun des enfants, même à celle des deux plus petits qui ne sont pas concerné par les coups de Monsieur, j'ai envie d'hurler.

 

Les conséquences de l'exposition à la violence conjugale pour des enfants peuvent être dramatiques, dévastatrices. Comment se construire dans un climat de violence permanent? On ne se construit pas, on survit.  Les enfants exposés à de la violence conjugale sont en grande détresse, en grande souffrance psychique même s'ils ne sont pas physiquement directement atteint par la violence. On pourra y apprendre que la violence fait loi dans le mode de relation à l'autre. On pourra y apprendre que la violence est un moyen d'obtenir contrôle domination et obéissance. On pourra ne pas connaitre ce que le mot respect veut dire. On pourra y apprendre qu'une femme peut être un objet et non pas un sujet. Des jeunes filles dans leur vie future, dans leur vie de femmes, pourront banaliser la violence de leur conjoint, pourront la penser normale et ainsi être en grande difficulté pour poser des limites et se protéger.

 

Madame aime chacun de ses enfants même si elle ne réussie à les protéger.

Monsieur aime ses deux jeunes enfants.

Monsieur a éduqué les enfants de sa compagne depuis très longtemps. Il m'ettonerait fort qu'il n'est aucun attachement à leur égard.

Il les violente lorsque ceux-ci se rebellent ou commettent des bêtises. D'où ce que peut dire la jeune préadolescente de Madame, excusant les actes de Monsieur à son égard: "lorsqu'il nous frappe moi et mon frère, nous n'avons jamais rien fait".

La violence est la seule réponse éducative de Monsieur.

 

La vie n'est pas toute noire ou toute blanche.  

parfois on peut aimer en reproduisant un shéma, un modèle d'amour biaisé, parfois le seul qu'on a connu.

Il n'y a pas de gêne de la violence.

La violence se construit au fur et à mesure de la vie.

 

"le meilleur service que l'on peut rendre aux autres, c'est de leur faire remarquer que c'est l'inconscient que les incite à agir et les aider à comprendre cet inconscient"

 

Lorsqu'on est en charge d'une mission de protection de l'enfance, notre rôle est de protéger un enfant de la détresse et de la souffrance à laquelle il est exposé et ce, même si comme Colin et Billy, cet enfant a juste un an et demi et juste cinq ans et demi.

Et ce, même si comme Colin et Billy, il est aimé de ses parents.

L'amour ne suffit pas pour bien grandir. 

Un enfant doit pouvoir s'épanouir pour se construire.

On ne peut s'épanouir que lorsque nos besoins sont considérés et respectés.

Parfois, un enfant ne peut s'épanouir dans son milieu familial.

Parfois, on écrit un rapport au Juge des Enfants pour lui expliquer que la mesure éducative n'est plus suffisante pour assurer sa protection.

 

Un énorme soutien à toutes les femmes victimes de violence conjugale.

Un énorme respect à chaque homme qui à pris la décision de ne plus être esclave de sa violence.

Beaucoup de force et de courage à chaque enfant exposé à un climat destructeur.

 

Si j'avais une baguette magique, je souhaiterais la paix dans cette famille.

Fort malheureusement, je n'en possède pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 01:35
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